Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/82

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Il pensait : Sylviane est victime de ses beaux sentiments. Cela m’irrite et m’enchante à la fois… espérons que le bon événement… celui qui doit décider de nos destinées… nous apportera son secours.

Libre de son après-midi, il en profita pour mettre de l’ordre dans ses notes et entretenir son espoir.

Il évoquait les jours qu’il passerait plus tard dans son foyer, avec cette compagne dont l’intelligence et la distinction le charmaient toujours davantage.

Elle avait eu raison : nul stratagème n’était nécessaire pour la connaître… ses mouvements, ses paroles témoignaient de son âme claire.

Il avait simplement retardé son bonheur en voulant le gagner trop rapidement, et il se demandait ce qui serait advenu de lui si Annette ne l’avait encouragé de toute sa divination.

Durant que Luc rêvait à son avenir, Louis Dormont et Francis Balor réfléchissaient sur leur présent.

— Tu trouves aimable… toi… maugréait Francis… que mademoiselle Foubry fasse une promenade sans nous prévenir ?… je n’aime pas beaucoup ce procédé…

— Je suis absolument de ton avis… Jusqu’à cette petite sotte d’Annette qui s’en mêle !… D’ailleurs cela ne m’étonne pas… cette jeune pensionnaire ne pense qu’à nous rendre ridicules…

— Eh ! bien… que décidons-nous ? Crois-tu que nous puissions persister à rester à Vichy ?… on s’ennuie à Vichy !… c’est mortel… Vichy !… Changeons d’horizon… on ne peut moisir ici… on s’atrophie…

— J’allais te le proposer…

— Je vais aller chez moi… en Anjou…

— Quant à moi, je retourne dans mes terres… et je te rejoindrai dans quinze jours ou trois semaines…

— C’est entendu… je parlerai de toi à Ninette…

— C’est d’un frère !… Nous nous embarquons ?