Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/91

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— Ne vous alarmez pas… c’est une simple manière pour moi de passer le temps.

Roger de Blave souriait en disant ces mots ce qui convainquit sa vieille amie que le traitement ne devait pas être d’une sévérité extrême.

Elle regardait le jeune homme et le trouvait mieux encore.

Madame Bullot se disait qu’il était évident que des âmes délicates et aimantes fussent attirées par l’émanation quelque peu tragique qui entourait cet inconsolé.

Elle s’étonnait même de le savoir encore veuf. Des lieux communs furent échangés entre eux, et il y avait à peu près un quart d’heure que la conversation était engagée que Sylviane entra.

Elle eut une légère exclamation en voyant plus tôt qu’elle ne l’attendait le visiteur annoncé. Elle s’avança les mains tendues, vers le jeune homme. Il lui était sympathique par son malheur et par son caractère. C’était un homme sérieux qui en imposait, et Sylviane appréciait cette correction grave que ne déparaient pas des manières enjouées par moments.

— Vous voici des nôtres… dit-elle.

— Je ne m’attendais pas à vous trouver ici… répondit Roger, réellement étonné.

Les deux jeunes gens remuèrent des souvenirs communs. Il y avait deux ans que Sylviane n’avait revu M. de Blave, et elle trouvait comme Madame Bullot que le désespoir du jeune veuf n’avait pas ce cachet excessif dont on parlait.

Il évoqua sa femme qui avait été une amie de la jeune fille et il fit entrevoir, délicatement, tout le bien que Madame de Blave pensait d’elle.

Ces compliments déconcertèrent Sylviane qui parut ennuyée alors que Madame Bullot pensait à part soi : Tiens… ce beau Roger me semble bien dégagé… ce serait une catastrophe s’il s’éprenait de Sylviane… à moins que cela n’engageât Luc à précipiter les choses…

Roger resta quelques instants pensif, scrutant la physionomie de Sylviane, et il fut pleinement convaincu que sa courtoisie discrète déplaisait inti-