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tes parmi ces filles dont la figure semble garantir la vertu. Jenny Jones étoit de ce nombre.

Au précieux avantage que nous venons d’indiquer, cette jeune fille joignoit une extrême modestie : ce qui, chez les femmes, est réputé une preuve certaine d’esprit. Elle avoit passé plus de quatre ans chez M. Partridge (ainsi se nommoit le maître d’école), sans causer aucun ombrage à sa maîtresse. Celle-ci, non contente de la traiter avec bonté, permettoit à son mari de lui donner les leçons de latin dont nous avons parlé.

Mais il en est de la jalousie comme de la goutte. Quand ces maladies sont une fois dans le sang, il n’existe aucun moyen d’en prévenir les accès, et souvent une cause aussi légère qu’imprévue, suffit pour les déterminer.

Mistress Partridge en est la preuve. Pendant quatre ans, elle avoit laissé son mari cultiver en paix l’esprit de Jenny. Elle souffroit même que cette fille négligeât pour l’étude, les soins du ménage. Un jour que le hasard l’avoit conduite dans la classe, elle y trouva Jenny occupée à lire avec Partridge qui, en ce moment, étoit appuyé sur son épaule. À la vue de sa maîtresse, Jenny se leva brusquement, nous ignorons pour quelle raison. Mistress Partridge fut frappée de ce mou-