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yeux, à son exemple, sur une folie qu’elle voyoit, disoit-elle, aussi bien que lui, et qu’elle blâmoit autant que personne.

Déborah ayant appris, par hasard, long-temps après, la vérité de l’histoire, s’en fit conter toutes les particularités, puis se hâta d’apprendre au capitaine qu’elle étoit enfin parvenue à découvrir le père du petit bâtard, pour l’amour duquel il lui fâchoit, disoit-elle, de voir que M. Allworthy se perdoit de réputation dans le pays.

Le capitaine blâma sa réflexion, comme une censure indiscrète de la conduite de son maître. Quand l’honneur lui auroit permis de s’entendre avec Déborah, la prudence le lui eût défendu. Rien n’est en effet plus impolitique, que de se liguer avec des valets contre leurs maîtres ; on se met ainsi dans leur dépendance, et l’on a sans cesse à craindre leur trahison. Ce fut peut-être cette considération qui empêcha le capitaine Blifil de s’ouvrir à mistress Wilkins, et d’encourager la légèreté de ses propos.

Au reste, s’il ne montra pas de joie devant elle, il en éprouva intérieurement une très-vive, et se promit de tirer bon parti de cette confidence.

Il en garda long-temps le secret, dans l’espoir que M. Allworthy apprendroit le fait par quelque autre ; mais mistress Wilkins, soit qu’elle eût