Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

frir que son oncle honorât de ses bontés un homme qui n’en étoit pas digne. Il résolut donc de l’instruire sur-le-champ du délit que nous n’avons qu’indiqué précédemment.

Environ un an après sa disgrace, et avant que Tom eût vendu le petit cheval, le garde n’ayant pas une bouchée de pain pour apaiser sa faim et celle de sa famille, traversoit un champ de blé appartenant à M. Western. Il aperçut un lièvre au gîte, et sans respect pour le droit de propriété, ni pour les lois de la chasse, il tua l’animal d’un coup de bâton.

Le malheur voulut qu’au bout d’un certain temps, le revendeur qui avoit acheté le lièvre fût pris, chargé d’une quantité de gibier considérable. Pour calmer la colère de l’écuyer, il se vit forcé de lui dénoncer quelque braconnier. Black Georges s’offrit d’abord à sa pensée ; il le nomma, comme un homme déjà suspect à M. Western, et mal famé dans le pays. C’étoit d’ailleurs le moindre sacrifice qu’il pût faire à sa sûreté, le garde ne lui ayant pas fourni depuis lors une seule pièce de gibier. Il trouva ainsi le moyen de mettre à couvert ses meilleures pratiques ; car l’écuyer, charmé de pouvoir punir Black Georges, que ce seul délit rendoit assez coupable, n’étendit pas plus loin ses recherches.

Si l’aventure eût été fidèlement rapportée à