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de son ajustement alloit donner un nouvel éclat à ses charmes, et multiplier le nombre de ses conquêtes.

Parée de la robe de Sophie, d’un bonnet neuf garni de dentelles, et de quelques autres dons de son amant, Molly se rend à l’église, le dimanche suivant, un éventail à la main. Les grands se trompent, s’ils croient avoir le privilége exclusif de l’ambition et de la vanité.

Ces nobles passions ne se manifestent pas moins sous le porche et dans l’intérieur d’une église de village, que dans les salons et les boudoirs de la capitale. La sacristie d’une humble paroisse voit éclore des intrigues, dont s’honoreroit un conclave. Ici est le parti du ministère, là celui de l’opposition, et des deux côtés se forment des complots, des intrigues, des factions comme dans les cours.

Les villageoises ne sont pas moins exercées aux ruses les plus subtiles de leur sexe, que les belles dames, leurs supérieures en rang et en fortune. À la porte du lieu saint, règnent la pruderie et la coquetterie : on aime à y étaler sa parure ; on s’y permet les œillades, la fausseté, l’envie, la malice, la médisance ; en un mot, tout ce qu’offrent d’ordinaire les cercles les plus polis et les plus brillantes assemblées. Que les grands cessent donc de mépriser l’ignorance du peuple, et le peuple d’insulter aux vices des grands.