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phitryon est maître de traiter ses convives à sa guise. Quelque médiocre ou détestable que soit la chère, ils n’y doivent trouver rien à redire ; la politesse les oblige même à faire l’éloge de tous les mets. Il n’en est pas ainsi dans le second cas. Celui qui paye veut qu’on satisfasse son goût, tout délicat ou bizarre qu’il puisse être ; et s’il n’est pas content de chaque plat, il se croit en droit de critiquer hautement le dîner, et de le donner au diable.

Aussi pour ne tromper l’attente de personne, un hôte honnête et loyal a coutume de présenter à tout venant la carte du repas : en sorte que chacun, après l’avoir parcourue, est libre de rester, si la chère lui plaît, ou d’aller chercher ailleurs un ordinaire qui lui convienne mieux.

Comme nous ne dédaignons point d’emprunter de l’esprit et du bon sens à quiconque est en état de nous en prêter, nous imiterons la franchise de l’hôte dont nous venons de parler, et, non content d’offrir d’abord au lecteur la carte générale du festin que nous lui destinons, nous lui donnerons encore une carte particulière de tous les services qui doivent se succéder dans ce volume et dans les suivants. Quoique nous n’ayons pour toute provision que la nature humaine, nous ne craignons pas qu’un homme de