Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tesse que de malignité, est la créature la plus craintive que le ciel ait formée. » Aristote, dans sa Politique, lui rend, ce nous semble, plus de justice, quand il dit : « Le courage et la modestie des hommes diffèrent de ces mêmes qualités chez les femmes. Le courage qui sied à une femme seroit lâcheté dans un homme, et la modestie d’un homme passeroit, dans une femme, pour de l’impudence. » Le sentiment de ceux qui attribuent à la peur la préférence accordée par les femmes aux gens courageux, ne nous paroît pas plus fondé. M. Bayle, dans son article Hélène, la rapporte, avec plus de vraisemblance, à leur passion pour la gloire ; et l’autorité d’Homère, celui de tous les poëtes qui a le mieux connu le cœur humain, vient à l’appui de son assertion. L’héroïne de l’Odyssée, cet illustre modèle de tendresse et de fidélité conjugales, Pénélope, déclare que la gloire d’Ulysse est l’unique source de son amour pour lui.

Quoi qu’il en soit, l’accident de Jones fit beaucoup d’impression sur Sophie ; et nous sommes porté à croire, d’après d’exactes recherches, que la beauté de Sophie n’en produisit pas moins sur notre héros, qui, pour dire la vérité, commençoit depuis quelque temps à sentir le pouvoir irrésistible de ses charmes.