Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/315

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bles. M. Allworthy venoit le voir presque tous les jours. L’excellent homme compatissoit à sa souffrance, il admiroit son courage ; mais en même temps, il jugeoit nécessaire de lui faire sentir l’imprudence habituelle de sa conduite, et croyoit n’en pouvoir trouver une occasion plus favorable que celle où, affoibli par la douleur et frappé d’un danger récent, il étoit affranchi de ces passions turbulentes qui, dans l’état de santé, nous entraînent à la poursuite du plaisir.

Toutes les fois donc que M. Allworthy se trouvoit seul avec Jones, surtout après son entière guérison, il lui rappeloit ses anciennes fautes, mais du ton le plus affectueux, dans l’unique but d’amener des conseils propres à le garantir de nouveaux écarts : « Songez, lui disoit-il, que de votre conduite future dépendent votre bonheur, et la tendresse que vous pouvez encore attendre de votre père adoptif, si vous ne vous rendez pas indigne de mon estime. Quant au passé, je le pardonne et je l’oublie. Croyez-moi, profitez de l’accident qui vous est arrivé, et montrez, par une vie plus réglée, que Dieu vous a envoyé cette affliction pour votre bien. »

Thwackum lui rendoit des visites non moins fréquentes. La chambre d’un malade sembloit aussi au théologien un lieu parfaitement convenable pour des sermons ; mais son langage étoit