Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/389

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nons toujours avec soin d’assigner un motif aux actions des hommes, quand nous avons la plus légère crainte de commettre une erreur.

Le ministre, rigide observateur des lois de la continence, et grand ennemi du libertinage dans les autres, prit feu au rapport de Blifil, et le pria de le conduire sur-le-champ à l’endroit où les deux individus avoient disparu à ses yeux. Il ne respiroit que vengeance, il mêloit aux accents de la colère de fréquentes lamentations, et censuroit même indirectement la conduite de M. Allworthy, insinuant que la corruption du pays étoit, en grande partie, l’effet de l’encouragement qu’il donnoit au vice, par sa foiblesse pour un bâtard, et par la coupable indulgence avec laquelle il déroboit des filles perdues aux salutaires rigueurs de la loi.

Nos chasseurs avoient pris, en poursuivant leur proie, un sentier embarrassé de ronces. Cet obstacle ralentit leur marche, et le bruit des épines qu’ils froissoient sous leurs pieds avertit Jones de leur approche. Thwackum d’ailleurs, incapable de contenir son indignation, l’exhaloit en menaces si violentes, que le son de sa voix convainquit notre ami qu’il étoit, en termes de chasse, surpris au gîte.