Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 1.djvu/42

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en chemise. Les esprits railleurs et profanes pourront rire de sa peur, mais les gens graves, en considérant l’heure de la nuit, l’ordre qu’elle avoit reçu de se lever à la hâte, et l’état où elle trouva son maître, approuveront sa conduite, à moins que l’expérience qu’on doit toujours supposer aux filles de l’âge de mistress Déborah, ne diminue un peu de leur admiration.

Quand la gouvernante rentra dans la chambre, et qu’elle apprit de quoi il étoit question, sa surprise surpassa celle de M. Allworthy. « Mon cher maître, s’écria-t-elle avec l’air et l’accent de l’effroi, que faut-il faire ?

— Il faut, répondit M. Allworthy, que vous preniez soin cette nuit de l’enfant. Demain matin je m’occuperai de lui trouver une nourrice.

— Fort bien, monsieur ; et j’espère aussi que votre seigneurie donnera l’ordre d’arrêter sa coquine de mère, qui ne doit pas être loin d’ici. Je serois ravie de la voir enfermée à Bridewell et fouettée à la queue d’un tombereau. On ne sauroit châtier avec trop de rigueur de si infames créatures. Je parierois que ce n’est pas son coup d’essai. Quelle impudence ! oser attribuer son enfant à votre seigneurie !

— À moi, Déborah ? je ne puis le croire ; je suppose seulement qu’elle a pris ce moyen de