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TOM JONES.

nous, ont appris à suivre le conseil d’Horace[1]. Ils ne se laissent éblouir de rien.

Une seule méchante action ne suffit pas pour constituer un scélérat. Les passions, comme les directeurs de théâtre, forcent souvent un homme à jouer des rôles opposés à son inclination et à son talent. Il lui est donc libre, ainsi qu’à l’acteur, de les désavouer. Le vice d’ailleurs, forme quelquefois un contraste aussi frappant avec certaines physionomies, que le caractère d’Iago[2] avec celle de l’honnête Williams Mills.

En résumé, l’homme équitable et sensé n’est jamais prompt à condamner. Il peut censurer une imperfection, un vice même, sans animosité contre la personne en qui il les remarque. C’est la même folie, le même enfantillage, les mêmes défauts d’éducation et de caractère qui excitent le cri de la censure, dans le monde et au théâtre. On entend d’ordinaire les épithètes de fripon et de coquin sortir des bouches les plus corrompues, comme on voit les critiques les plus ineptes, se montrer les plus prompts à siffler.


  1. Nil admirari. Horace.
  2. Personnage odieux de la tragédie d’Othello.Trad.