Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jones dit au guide qu’il s’étoit sûrement trompé de route. Celui-ci soutint que c’étoit impossible : terme qui s’emploie souvent dans la conversation pour signifier tantôt ce qui est contraire, tantôt ce qui est conforme à la vraisemblance, et quelquefois ce qui est certain. Cette espèce d’hyperbole ressemble à l’étrange extension qu’on donne fréquemment aux mots infini et éternel, dont l’un sert à exprimer une distance de six pieds, et l’autre une durée de cinq minutes. On assure de même qu’il est impossible de perdre ce qui est déjà perdu ; c’étoit le cas présent. Malgré les assurances formelles du guide, nos voyageurs n’étoient pas plus dans la vraie route de Coventry, qu’un avide et impitoyable avare n’est dans le chemin du ciel.

On ne peut se figurer sans l’avoir éprouvée, l’horreur qu’inspirent les ténèbres, la pluie et le vent au malheureux égaré pendant la nuit. Rien ne soutient son courage contre les injures du temps. Il n’a point devant les yeux l’agréable perspective de vêtements secs, d’un bon feu, d’une bonne table et d’un bon lit. Il suffit pourtant de se faire une imparfaite idée de cette affreuse position, pour concevoir les pensées qui remplirent alors la tête de Partridge.

À mesure qu’on avançoit, Jones affirmoit d’une manière positive que ce n’étoit point la route de