Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parlé, c’est-à-dire le besoin d’un schelling, et il n’avoit pas cette fois la ressource de l’emprunter. Sans se déconcerter, il se détermina à suivre la chaise de la dame, au milieu des huées des porteurs qui ne perdent guère l’occasion de dégoûter les personnes comme il faut, d’aller à pied. Par bonheur, les gens de l’espèce de ceux qui ont coutume d’attendre à la porte de l’Opéra étoient trop occupés en ce moment pour quitter leur poste ; la nuit déjà fort avancée préserva Jones du désagrément d’en rencontrer beaucoup de la même sorte dans la rue, et il poursuivit tranquillement son chemin dans un costume qui, à une autre heure, n’auroit pas manqué de mettre toute la canaille à ses trousses.

La dame fit arrêter ses porteurs dans une rue près de Hanover-square. La porte de la maison s’ouvrit à l’instant. Elle sortit de sa chaise, et monta l’escalier, suivie de Jones qui entra, sans façon, avec elle dans un salon bien échauffé et richement meublé. L’inconnue parlant toujours du même ton de voix qu’au bal masqué, parut surprise de ne point trouver la maîtresse de la maison. « Il faut, dit-elle, que mon amie ait oublié le rendez-vous qu’elle m’a donné. » Elle en témoigna un grand mécontentement, et feignit tout-à-coup d’être alarmée d’un tête-à-tête avec