Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/72

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a pris ; et à vous parler franchement, je doute fort que le monde la désapprouve beaucoup. Je vous le répète, mon frère, consolez-vous, en pensant que tout ceci est votre ouvrage. Combien de fois vous ai-je conseillé… »

À ces mots Western se leva brusquement, et sortit de la chambre, en proférant deux ou trois horribles blasphèmes.

Quand il fut parti, sa sœur montra (s’il est possible) encore plus d’aigreur contre lui, qu’elle n’en avoit fait voir en sa présence. Elle invoqua, à diverses reprises, le témoignage de M. Blifil. Celui-ci l’approuva complaisamment en tout point ; mais il s’efforça d’atténuer les torts de M. Western, qu’il attribua à l’excès de la tendresse paternelle. « C’est, répliqua la dame, une foiblesse d’autant plus inexcusable, qu’elle cause la ruine de son propre enfant ; » et Blifil en convint aussitôt.

Mistress Western dit ensuite au jeune écuyer, qu’elle étoit désolée du traitement injurieux qu’il recevoit dans une famille à laquelle il se proposoit de faire tant d’honneur. À ce sujet, elle blâma sévèrement la folie de sa nièce, et finit encore par rejeter tous les torts sur son frère, qui n’auroit pas dû s’avancer à ce point, sans être plus sûr du consentement de sa fille. « Mais il est, ajouta-t-elle, d’un caractère violent, opiniâtre,