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d’ennuyeux et de ridicule, sans traiter l’auteur de sot ; et cet affront, quoique moins injurieux dans le sens moral que celui de fripon, fait infiniment plus de tort dans le monde.

Si quelques personnes ne voient dans ces réflexions que des plaisanteries, d’autres sauront en reconnoître la justesse. Peut-être même penseront-elles que nous ne les avons pas présentées avec assez de gravité ; mais qui empêche de dire la vérité en riant ? Il faut être d’un mauvais naturel, pour déprécier un livre par malignité, ou par pur badinage ; et l’on peut soupçonner à bon droit tout critique morose et hargneux, d’être un méchant homme.

Nous consacrerons la fin de ce chapitre à signaler les iniques censeurs qui excitent seuls nos plaintes ; car personne, hormis eux, ne nous accusera de vouloir soustraire les productions de l’esprit humain au jugement de toute espèce de tribunal, ou d’exclure de la république des lettres d’illustres critiques tels qu’Aristote, Horace, et Longin, chez les anciens ; Dacier et Bossu chez les François, et quelques-uns de nos compatriotes qui ont rendu, par leurs veilles, au monde savant, de si éminents services, et acquis le droit incontestable de prononcer des arrêts, en matière de littérature.

Sans entrer dans le détail des qualités qui cons-