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encourager les visites de cet odieux lord (elle l’appeloit ainsi un peu injustement). « Je ne puis, dit-elle, me tromper sur ses intentions. Il m’a fait hier matin une déclaration d’amour ; mais comme je suis décidée à ne point l’écouter, je vous conjure, madame, de ne plus me laisser seule avec lui, et de défendre à vos gens de l’introduire jamais chez moi.

— Bon Dieu ! mon enfant, répondit lady Bellaston, vous autres provinciales vous voyez des amants partout. Un homme est-il poli avec vous ? vous en concluez aussitôt qu’il vous fait la cour. Lord Fellamar est un des jeunes gens les plus galants de Londres. Je suis convaincue qu’il n’a pas les vues que vous lui supposez. Amoureux de vous ? ah ! je voudrois de tout mon cœur qu’il le fût ; et vous feriez une insigne folie de le refuser.

— Comme je ferai certainement cette folie, vous me permettrez, j’espère, de ne plus le recevoir.

— Ô mon enfant, ne craignez rien. Si vous avez résolu de vous enfuir avec votre Jones, je ne connois personne au monde qui puisse vous en empêcher.

— En vérité, madame, vous me faites injure. Je ne m’enfuirai avec aucun homme, et ne me marierai jamais sans le consentement de mon père.