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souvent sous un aspect bien différent de celui qu’elles offrent à la surface. L’affaire est, j’en conviens, moins désespérée que ne le paroissoit la situation de la Hollande, quand Louis XIV étoit aux portes d’Amsterdam ; mais elle exige, mon frère, pardonnez ma franchise, une certaine délicatesse dont je vous crois peu capable. Il faut avec une femme du rang de lady Bellaston un ton et des manières qui demandent, je le crains, plus de connoissance du monde que vous n’en avez.

— Ma sœur, je sais que vous faites peu de cas de mon esprit ; mais je vous montrerai dans cette occasion si je suis un sot. Vous doutez de ma capacité ! Pensez-vous que j’aie vécu si long-temps, sans avoir acquis quelque connoissance des lois du pays ? Je sais que je puis prendre mon bien partout où je le trouve. Qu’on me dise où est ma fille, et si je ne viens pas à bout de m’en ressaisir, traitez-moi d’imbécile tant que je vivrai. Il y a des juges de paix à Londres comme ailleurs.

— Vous me faites trembler. Vous allez gâter une affaire qui pourroit réussir selon vos vœux, si vous consentiez à suivre mes avis. Vraiment, mon frère, vous imaginez-vous qu’on attaque la maison d’une femme de qualité avec des juges de paix et des brutaux d’huissiers ? Apprenez de