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tement à Londres, et nous l’a enlevée à tous deux. »

Jones se jeta à genoux, et rendit graces au ciel de ce qu’il n’étoit arrivé rien de pis.

« Rien de pis ! répéta Honora ; et que pouvoit-il nous arriver de pis à l’un et à l’autre ? il l’a emmenée en jurant qu’elle épouseroit M. Blifil : voilà pour vous ; et pour moi, pauvre malheureuse, il m’a mise à la porte.

— En vérité, Honora, vous m’avez glacé d’effroi. Je m’imaginois que Sophie avoit éprouvé tout-à-coup le plus cruel des malheurs, un malheur auprès duquel son union avec Blifil ne me sembleroit qu’une peine légère. Mais tant qu’on vit, ma chère Honora, il y a de l’espoir. On ne marie point les filles par force, dans un pays libre comme le nôtre.

— Vous avez raison, monsieur, il peut vous rester quelque espoir à vous ; mais hélas ! il n’en est plus pour moi : et vous devez sentir, monsieur, que ma disgrace provient du zèle que j’ai mis à vous servir. L’écuyer n’a d’autre reproche à me faire que d’avoir pris votre parti contre M. Blifil.

— Oui, mistress Honora, je sais les obligations que je vous ai ; et je ne négligerai rien pour vous dédommager.

— Eh ! monsieur, le seul moyen de dédom-