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que mistress Nightingale ne fera pas difficulté de l’y suivre. »

Les deux époux consentirent aussitôt à cet arrangement.

On ne s’étonnera pas qu’un nouveau sentiment de reconnoissance brillât en ce moment sur le visage de mistress Miller. Ce qui pourra surprendre, c’est que le nom de mistress Nightingale donné par Jones à sa fille, doux nom qui frappoit pour la première fois son oreille, procura à cette tendre mère plus de satisfaction, et pénétra son cœur d’une plus vive gratitude pour notre héros, que sa prompte attention à la tirer de peine.

Le changement d’habitation du jeune ménage et de Jones qui devoit loger dans la même maison que son ami, fut fixé au jour suivant. La petite société, libre enfin de tout souci, passa le reste du jour dans la joie. Jones seul, quoiqu’il partageât en apparence la gaîté commune, sentoit au fond du cœur de cruelles angoisses, en pensant à sa Sophie. La nouvelle de l’arrivée de Blifil à Londres augmentoit beaucoup son tourment ; car il ne pouvoit se tromper sur le motif de ce voyage. Pour surcroît d’affliction, mistress Honora qui avoit promis de s’enquérir de la demeure de Sophie, et de venir le lendemain au soir de bonne heure, l’informer du résultat de