Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pareil avantage de nos chapitres préliminaires ; ils y trouveront toujours de quoi aiguiser leur esprit, et le rendre plus mordant. Leur sagacité nous dispense de faire observer ici avec quelle complaisance nous fournissons des armes à leur malignité naturelle. Jamais nous ne manquons de semer ces chapitres de traits piquants et propres à aiguillonner la censure.

Les prologues et les chapitres préliminaires ont un agrément particulier pour le spectateur, aussi bien que pour le lecteur paresseux. Comme rien n’oblige de voir les uns ni de lire les autres, le spectateur est libre de donner un quart d’heure de plus à son dîner, et le lecteur de commencer le livre à la quatrième ou à la cinquième page : ce qui n’est pas indifférent pour les personnes habituées à ne lire un livre, qu’afin de dire qu’elles l’ont lu : motif plus commun qu’on ne le croit d’ordinaire, et qui engage bien des gens à feuilleter, non-seulement de graves traités de jurisprudence ou de politique, mais encore les chefs-d’œuvre immortels d’Homère, de Virgile, de Swift et de Cervantes.

Les prologues et les chapitres préliminaires offrent encore une multitude d’autres avantages si faciles à saisir, que nous ne perdrons pas le temps à en faire l’énumération. Il ne faut pas oublier que leur principal mérite est d’être court.