Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/207

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dra-t-elle plus de mademoiselle Sophie par un entretien amical, que vous ne l’avez fait par des mesures de rigueur.

— Que me chantes-tu là ? dit l’écuyer. Si tu t’avises de jaser, je t’étrillerai comme il faut.

— Fi ! mon frère, est-ce ainsi qu’on parle à un ecclésiastique ? M. Supple est un homme sensé, il vous donne un excellent conseil ; tout le monde, je pense, sera de son avis. Au reste, écoutez, j’attends une réponse prompte et catégorique à mes propositions. Ou laissez-moi disposer librement de votre fille, ou gouvernez-la tout seul avec votre admirable prudence ; et, dans ce dernier cas, je vous déclare ici devant M. Supple, que j’évacue la place et vous renie à jamais vous et votre famille.

— Agréez, je vous prie, ma médiation, dit le ministre. Souffrez, je vous en conjure…

— Eh quoi ? reprit l’écuyer, la clef est sur la table. Elle peut la prendre, si elle veut. Qui l’en empêche ?

— Non, mon frère, j’exige comme une formalité indispensable, qu’elle me soit remise par vous-même, avec une pleine et entière ratification de tous les articles stipulés et convenus.

— Eh bien, je vais vous la remettre… La voici… Assurément, ma sœur, vous ne m’accuserez pas d’avoir jamais refusé de vous confier ma fille.