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dit la tante, je l’emmène à l’hôtel où je suis descendue ; car en vérité ce taudis n’est pas fait pour loger des chrétiens.

— Comme il vous plaira, madame ; ma fille ne sauroit être en de meilleures mains que les vôtres, et M. Supple ici présent peut attester, qu’en votre absence, j’ai répété plus de cinquante fois que vous étiez une des femmes les plus sensées qu’il y eût au monde.

— Oui, dit le ministre, je suis prêt à le certifier.

— Quant à cela, mon frère, reprit mistress Western, j’ai toujours parlé de vous en aussi bons-termes. Il faut convenir seulement que vous êtes un peu trop vif ; mais lorsque vous vous donnez le temps de réfléchir, je ne connois pas d’homme plus raisonnable que vous.

— Eh bien, ma sœur, si telle est votre façon de penser, je bois de bon cœur à votre santé. Il est vrai que je m’emporte un peu quelquefois ; mais je ne sais point garder de rancune. Allons, Sophie, soyez bonne fille, et faites tout ce que votre tante vous dira.

— Je ne doute pas de la soumission de ma nièce, elle a déjà devant les yeux le fatal exemple de sa cousine Henriette qui s’est perdue pour avoir négligé de suivre mes conseils. Oh ! mon frère, je vais bien vous étonner. Quand vous partîtes pour