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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/216

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son bonheur. Un tel raffinement d’amour platonique n’est le partage que du beau sexe. Nous avons entendu plus d’une femme déclarer, (et sûrement de bonne foi) qu’elle ne feroit nulle difficulté de céder son amant à sa rivale, si elle avoit la preuve que ce sacrifice rendît heureux l’objet de sa tendresse : d’où nous concluons que ce genre d’affection est dans la nature, sans pouvoir dire néanmoins que nous en ayons vu un seul exemple.

Jones, après avoir passé trois heures à lire et à baiser la lettre de Sophie, se sentant ranimé par les considérations que nous venons d’exposer, voulut exécuter un projet qu’il avoit conçu depuis quelques jours ; c’étoit de mener à la comédie mistress Miller et sa fille cadette, et de mettre Partridge de la partie. Comme il étoit doué de cette franche gaîté dont bien des gens n’ont que l’apparence, il se promettoit beaucoup de plaisir des observations critiques que ne manqueroit pas de faire le pédagogue, en qui il comptoit surprendre les naïves inspirations de la nature, brute à la vérité, mais non altérée par l’art.

M. Jones, mistress Miller, la petite Betsy et Partridge se placèrent au premier rang de la première galerie. Partridge n’eut pas plus tôt jeté un coup d’œil sur la salle, qu’il s’écria que c’étoit