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ému, quoiqu’en bon comédien il cache autant qu’il peut son trouble ? Oh, je ne consentirois pas pour prix du plus beau trône du monde, à charger ma conscience d’un crime aussi noir que le sien… Il s’enfuit ; je ne m’en étonne pas. Va, tu seras cause que je ne me fierai plus désormais à une honnête physionomie. »

La scène des fossoyeurs excita ensuite l’attention de Partridge. Il témoigna beaucoup de surprise du grand nombre de crânes répandus sur le théâtre.

Jones lui dit que l’action se passoit dans un des plus fameux cimetières des environs de Londres.

« En ce cas, reprit Partridge, il n’est pas étonnant que l’endroit soit si peuplé. Mais je n’ai jamais vu de plus mauvais fossoyeur. Quand j’étois clerc de ma paroisse, j’avois un sacristain qui auroit creusé trois fosses pendant le temps qu’il met à en faire une. Le butor tient sa bêche comme s’il s’en servoit pour la première fois. Oui, oui, chante ; tu aimes mieux, je crois, chanter que de travailler. »

En voyant Hamlet ramasser le crâne d’Yorick[1] : « J’admire, dit-il, la hardiesse de certaines gens. Quant à moi, rien ne pourroit m’engager à tou-

  1. Bouffon d’Horwendillus, roi de Danemark, père du prince Hamlet.Trad.