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ble annonça à Jones qu’il ne pouvoit se dispenser de le mener devant un juge de paix.

« J’irai partout où il vous plaira, lui répondit Jones. Peu m’importe le sort qui m’attend. Quoique je sois bien convaincu qu’aux yeux de la loi je ne suis point coupable de meurtre, le sang que j’ai versé n’en est pas moins sur mon cœur un poids insupportable. »

On mena Jones devant un juge de paix ; le chirurgien qui venoit de panser M. Fitz-Patrick y comparut, et déposa qu’il croyoit la blessure mortelle. Le prisonnier fut en conséquence conduit à Gate-House[1]. L’heure avancée de la nuit ne permit à Jones d’envoyer chercher Partridge que le lendemain ; et comme il ne s’endormit pas avant sept heures du matin, ce ne fut qu’à midi que le pédagogue, vivement alarmé de la longue absence de son maître, en reçut un message qui pensa le faire mourir de douleur.

Il courut à Gate-House tout pâle et tout tremblant ; dès qu’il vit Jones, il se mit à déplorer le malheur qui lui étoit arrivé, versant un torrent de larmes, et regardant sans cesse autour de lui avec un air d’effroi ; car la nouvelle de la mort de M. Fitz-Patrick venoit de se répandre dans la prison, et le superstitieux Partridge craignoit, à chaque instant, de voir apparoître son fantôme.

  1. C’est le nom d’une prison de Londres. Trad.