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— Je vois, monsieur, dit Blifil à son oncle avec ce ricanement dont le diable enlaidit la figure de ses favoris, je vois que mistress Miller le connoît en effet. Vous apprendrez bientôt, je pense, qu’elle n’est pas ici la seule personne qu’il ait entretenue de vous. Quant à moi, je juge par quelques traits qui sont échappés à madame, qu’il ne m’a point épargné dans ses propos ; mais je lui pardonne.

— Que le ciel vous pardonne aussi, reprit mistress Miller. Nous avons tous fait assez de fautes pour avoir besoin de sa miséricorde.

— Vraiment, mistress Miller, dit Allworthy, je suis blessé de votre manque d’égard pour mon neveu. Les réflexions que vous vous permettez sur son compte n’ont pu vous être suggérées que par ce détestable sujet ; et elles augmenteroient, s’il étoit possible, mon ressentiment contre lui. Sachez, mistress Miller, que mon neveu a toujours été le plus zélé défenseur de celui dont vous épousez la cause : c’est moi qui vous le dis ; et sur ma parole, vous vous étonnerez, j’espère, que le misérable ait poussé si loin la bassesse et l’ingratitude.

— On vous a trompé, monsieur ; quand il ne me resteroit qu’un souffle de vie, je dirois qu’on vous a trompé : et que le ciel pardonne, je le répète, à ceux qui ont surpris votre religion. Je ne