Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

votre proposition. Quant à vous, miss Western, je dois vous dire que votre famille attendoit de vous une autre conduite. »

Le lord intercéda, mais en vain, pour la jeune personne. La tante ne cessa ses reproches que lorsque Sophie, tirant son mouchoir de sa poche, se jeta dans un fauteuil et fondit en larmes.

Le reste de la conversation se passa de la part du lord en plaintes amères sur la rigueur de sa destinée, et de la part de mistress Western en assurances positives que sa nièce finiroit par consentir à tout ce qu’il désiroit : « Cette enfant, milord, dit-elle, a reçu une éducation aussi indigne de sa naissance que de sa fortune. C’est à son père seul qu’il faut s’en prendre. La petite provinciale a de sottes idées de modestie. Voilà tout, milord, je vous le jure. Je suis persuadée que dans le fond elle n’est pas dénuée de sens, et qu’on lui fera entendre raison. »

Ces dernières paroles ne parvinrent pas aux oreilles de Sophie ; elle étoit sortie de la chambre un moment auparavant, plus irritée qu’elle ne l’avoit été de sa vie. Le lord se répandit en témoignages de reconnoissance pour la tante, en protestations d’amour et de constance pour la nièce. Encouragé dans ces dispositions par mistress Western, il prit congé d’elle et se retira.

Avant de raconter la scène qui eut lieu ensuite