Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/322

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— Que disent-ils donc ?

— Ce que je répète à regret, parce que j’en redoute pour vous les conséquences. Ils disent qu’ils étoient trop loin pour entendre les propos qui ont occasionné la querelle ; mais tous deux affirment que vous avez porté le premier coup.

— Eh bien ! sur le salut de mon ame, ils me calomnient. C’est Fitz-Patrick qui m’a frappé le premier ; et il m’a frappé sans la moindre provocation de ma part. Qui peut engager ces misérables à m’accuser faussement ?

— Je l’ignore, et si vous-même et moi, votre sincère ami, nous ne pouvons concevoir le motif qui les porte à vous accuser, quelles raisons un tribunal impartial aura-t-il de ne pas les croire ? Je leur ai adressé plus d’une fois la même question ; elle leur a été répétée par leur compagnon que je suppose un marin, et qui sembloit prendre à votre sort un vif intérêt. Il les a priés de considérer qu’il s’agissoit de la vie d’un homme, et leur a demandé à plusieurs reprises, s’ils étoient sûrs du fait qu’ils avançoient. Tous deux ont répondu qu’ils étoient prêts à l’attester par serment. Pour l’amour de Dieu, mon cher ami, pensez-y bien. Si leur témoignage se trouvoit conforme à la vérité, il seroit temps de songer à vous procurer des protecteurs. Je ne veux pas vous effrayer ; mais vous savez sans doute avec