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connoissance pour les services que M. Jones lui avoit autrefois rendus.

Le pauvre garçon fut si ému de ce triste spectacle, que ses yeux se mouillèrent de larmes malgré lui. « Monsieur, dit-il à Jones, je suis vraiment touché de votre malheur. Voyez, je vous prie, si je ne pourrois pas vous être utile dans la position où vous vous trouvez. Peut-être avez-vous besoin de quelque argent ; en ce cas le peu que je possède est bien à votre disposition. »

Jones lui serra cordialement la main, et le remercia mille fois de son offre obligeante ; mais il lui répondit qu’il n’avoit nul besoin d’argent : sur quoi Georges le pressant encore plus vivement d’agréer ses services, « Je vous remercie de nouveau, lui dit Jones, il n’est au pouvoir d’aucun homme vivant de me donner ce qui me manque.

— Allons, allons, mon bon maître, reprit Georges, ne perdez point courage, les choses peuvent tourner mieux que vous ne pensez. Vous n’êtes pas le premier qui ait tué un homme, et qui se soit tiré d’affaire.

— On vous a mal instruit, Georges, dit Partridge, le gentilhomme n’est point mort, ni en danger de mourir. Cessez de troubler mon maître. Il éprouve un chagrin que vous ne pouvez adoucir.

— Vous ne savez pas ce dont je suis capable, monsieur Partridge, répartit Georges. Si ma jeune