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ter de quel côté inclinoit leur croyance. Platon lui-même, à la fin de son Phédon, confesse que ses plus forts arguments ne vont pas au-delà d’une simple probabilité, et Cicéron semble plutôt désirer de croire, que croire en effet à l’immortalité de l’ame. Pour moi, j’en conviens, je n’y ai cru sérieusement, qu’après être devenu sérieusement chrétien.

« Vous vous étonnerez peut-être d’un tel aveu ; mais je vous assure qu’il y a bien peu de temps que je mérite le nom de chrétien. L’orgueil de la philosophie avoit enivré ma raison, et la plus sublime sagesse me paroissoit comme aux anciens Grecs, une folie. Il a plu au ciel de dissiper enfin mon erreur, et de me montrer le chemin de la vérité, avant que je tombasse dans les ténèbres éternelles.

« Je commence à m’affoiblir, je le sens. Il faut donc me hâter d’arriver au principal but de cette lettre.

« Quand je me rappelle les actions de ma vie passée, je n’en vois point qui pèse plus sur ma conscience que mon injustice envers le malheureux enfant auquel vous aviez voué une affection de père. Non content de tolérer la scélératesse de ses ennemis, j’ai travaillé moi-même à sa ruine. Croyez-en, mon cher ami, la parole d’un mourant ; on l’a indignement calomnié. Quant au