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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/379

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un jour ce mystère ; et c’est de ma part, j’en conviens, une négligence impardonnable de ne l’avoir pas fait plus tôt. J’étois loin de savoir combien il importoit de…

— Eh bien, madame, continuez, s’il vous plaît.

— Vous devez vous souvenir, monsieur, d’un jeune homme nommé Summer ?

— Sans doute ; c’étoit le fils d’un savant et vertueux ecclésiastique, pour qui j’avois beaucoup d’amitié.

— Vous le prouvâtes bien dans le temps, monsieur. Ce fut vous, je crois, qui fîtes élever ce jeune homme et qui l’entretîntes à l’université. Lorsqu’il eut fini ses études, il vint demeurer chez vous. Jamais le ciel, je dois le dire, n’avoit formé une créature si parfaite. Il joignoit à la plus belle figure un caractère aimable, un esprit rare et des manières séduisantes.

— Le pauvre jeune homme ! il fut moissonné à la fleur de l’âge. Je ne pensois guère qu’il eût à se reprocher aucune faute grave ; car, je le devine, vous allez me dire qu’il étoit le père de votre enfant.

— Non, monsieur, il ne l’étoit pas.

— Comment ? à quoi tend donc tout ce préambule ?

— À une triste révélation que je suis désolée d’avoir à vous faire. Ô monsieur ! vous allez en-