Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/382

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la manière dont je m’acquittois de ce petit emploi parut lui plaire ; elle me prit en affection et me combla de présents. Au bout d’un certain temps, elle me sonda sur le chapitre de la discrétion : mes réponses la satisfirent. Elle ferma la porte de sa chambre, m’emmena dans son cabinet, en ferma aussi la porte, et me dit qu’elle alloit me donner une preuve de la confiance sans bornes que lui inspiroit mon honnêteté, en me communiquant un secret d’où dépendoit son honneur et par conséquent sa vie. Elle se tut pendant quelques minutes, essuya à diverses reprises les larmes qui couloient de ses yeux, puis me demanda si je pensois qu’on pût se fier en toute sûreté à ma mère. Je lui dis que je répondois de sa discrétion. Alors elle me confia le grand secret qui pesoit sur son cœur et dont la révélation lui coûta, je crois, de plus vives douleurs que celles même de l’enfantement. Après cette confidence, elle m’exposa le plan qu’elle avoit conçu. Il consistoit à n’admettre auprès d’elle, dans le moment critique, que ma mère et moi, et d’éloigner mistress Wilkins, en l’envoyant dans le fond du comté de Dorset, pour y prendre des informations sur une jeune personne destinée à remplacer sa femme de chambre qu’elle avoit congédiée trois mois auparavant. Depuis le départ de cette dernière, elle m’avoit attachée à son service par forme d’essai,