Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Comment pourrai-je, lui dit-il, reconnoître le service que cette dame m’a rendu ? Ô mistress Miller ! vous m’avez entendu mille fois appeler du nom de fils le jeune homme à qui vous avez voué une amitié si fidèle. J’étois loin de penser alors qu’il me fût uni par les liens du sang. Votre ami, madame, est mon neveu, il est le frère de l’odieux serpent que j’ai si long-temps nourri dans mon sein. Cette dame vous contera son histoire, elle vous dira de quelle manière il a passé pour son fils. Je suis convaincu maintenant qu’on l’a calomnié, et que j’ai été trompé par celui que vous soupçonniez, avec trop de raison, d’être un scélérat… C’est en effet le plus scélérat de tous les hommes. »

La joie ôta la parole à mistress Miller, et l’auroit privée de l’usage de ses sens, peut-être même de la vie, si un torrent de larmes ne l’eût à propos soulagée. « Quoi, dit-elle, dès qu’elle eut recouvré la faculté de parler, mon cher M. Jones est votre neveu ? il n’est point le fils de cette dame ? Vos yeux sont ouverts sur son compte ? et je vivrai pour le voir jouir du bonheur qu’il mérite ?

— Oui, madame, il est mon neveu, et j’espère que tous vos souhaits seront accomplis.

— Et c’est à cette chère bonne dame que nous devons une si heureuse découverte ?

— À elle-même.