Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/419

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malheur irréparable. Ô mon cher oncle ! j’ai perdu un trésor.

— Vous n’avez pas besoin d’en dire davantage, répartit M. Allworthy. Je vais vous parler avec franchise. Je sais d’où naissent vos regrets ; j’ai vu celle qui les cause ; nous avons eu ensemble un long entretien à votre sujet. J’exige de vous, comme une preuve de la sincérité de votre repentir et de vos bonnes résolutions, que vous m’obéissiez en un point. Promettez-moi de vous soumettre à la décision de la jeune personne, qu’elle soit ou non conforme à vos vœux. Miss Western n’a déjà que trop souffert d’une persécution à laquelle je ne puis penser sans chagrin. Je ne veux pas que ma famille lui en suscite une nouvelle. Je sais que son père se dispose à la tourmenter en votre faveur, comme il l’a tourmentée en faveur d’un autre ; mais j’ai résolu de ne point souffrir qu’on attente désormais à sa liberté, ni qu’on use envers elle de la moindre violence.

— Ô mon cher oncle ! donnez-moi, je vous prie, des ordres que j’aie quelque mérite à exécuter. Croyez-moi, il n’est qu’une circonstance qui pût m’engager à vous désobéir : ce seroit celle où vous m’ordonneriez de causer à ma Sophie le plus léger déplaisir. Si j’ai le malheur de ne pouvoir jamais obtenir d’elle mon pardon, c’en