Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/421

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qu’elle accourut pour le féliciter d’avoir trouvé un oncle dans M. Allworthy, et de son heureuse réconciliation avec lui. « Mon cher enfant, ajouta-t-elle, je voudrois pouvoir vous faire un autre compliment ; mais je n’ai jamais vu de personne plus inflexible. »

Jones, un peu surpris, lui demanda ce qu’elle vouloit dire. « Hélas ! répondit-elle, j’ai été chez mademoiselle Sophie, et je lui ai expliqué toute l’affaire comme mon fils Nightingale me l’avoit contée. Elle ne peut plus avoir maintenant de doutes sur la lettre, car je lui ai dit que mon fils Nightingale feroit serment, si elle le vouloit, que cette lettre étoit entièrement de son invention, et que vous l’aviez écrite sous sa dictée. Je lui ai représenté que le motif même qui vous avoit porté à l’envoyer, devoit vous recommander à ses yeux ; que vous n’aviez agi ainsi que par amour pour elle, et avec la ferme résolution de renoncer désormais au désordre ; qu’enfin, depuis que vous l’aviez vue à Londres, il ne vous étoit pas arrivé de manquer à la fidélité que vous lui deviez. Je crains, à dire vrai, de m’être un peu aventurée sur ce sujet ; mais j’espère, grace à Dieu, que votre conduite future me justifiera. En un mot, j’ai fait tout ce qui a dépendu de moi pour la toucher, et sans succès. Elle m’a répondu qu’elle vous avoit pardonné bien des