Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/423

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tern. Peut-être ai-je été trop loin, car je lui ai dit que vous l’aviez refusée ; mais j’étois bien sûre que vous la refuseriez. Il faut à ce propos que je vous donne une petite consolation. Au nom de la jeune dame, qui n’est autre que la jolie veuve mistress Hunt, il m’a semblé qu’elle pâlissoit ; mais quand j’ai ajouté que vous l’aviez refusée, je vous jure que son visage est devenu en un instant couleur de pourpre ; et voici les propres mots dont elle s’est servie : « Je crois bien qu’en effet il a quelque affection pour moi. »

La conversation fut interrompue en cet endroit par l’arrivée de l’écuyer Western, que l’autorité de M. Allworthy, d’ordinaire toute-puissante sur lui, n’avoit pu retenir plus long-temps.

Il courut à Jones en criant : « Mon vieil ami Tom, que je suis aise de te revoir ! Il faut oublier le passé ; je n’ai pu avoir l’intention de t’offenser. Allworthy sait, et tu sais bien toi-même, que je t’ai pris pour un autre ; et quand il n’y a pas de mauvaise intention, qu’importe un mot ou deux échappés dans un instant de vivacité ? Entre chrétiens on doit oublier et pardonner les injures.

— J’espère, monsieur, répondit Jones, que je n’oublierai jamais les nombreuses marques de bonté que j’ai reçues de vous. Quant aux offenses dont vous parlez, je n’en ai nulle idée.