Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/426

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au lord de l’événement qu’on a rapporté plus haut, il lui parla en termes avantageux de la conduite de Jones sous tous les rapports, et l’assura qu’il avoit sans doute commis une méprise, attendu que ce jeune homme sembloit appartenir à une honnête famille : sur quoi lord Fellamar, qui se piquoit d’une grande délicatesse en fait d’honneur, et qui n’auroit voulu pour rien au monde encourir, par une action blâmable, la censure publique, commença à se repentir d’avoir suivi les conseils de lady Bellaston.

Un ou deux jours après, comme il dînoit par hasard avec le pair irlandois déjà connu dans notre histoire, ce dernier en parlant du duel en question, fit un portrait peu flatteur de Fitz-Patrick à qui il ne rendit pas tout-à-fait justice, surtout en ce qui concernoit sa femme. À l’entendre, c’étoit la personne la plus innocente, la plus outragée qu’on pût voir, et la compassion seule l’avoit engagé à prendre sa défense. Il annonça qu’il iroit le lendemain matin trouver Fitz-Patrick, pour tenter de le faire consentir à une séparation. Il y auroit à craindre, disoit-il, pour la vie de cette infortunée, si jamais elle rentroit sous la puissance de son mari. Lord Fellamar lui proposa de l’accompagner, dans le dessein de se procurer de nouvelles lumières sur Jones et sur les circonstances du duel ; car il étoit très-inquiet