Page:Fierens-Gevaert, La renaissance septentrionale - 1905.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 186 —

voir et écrivit : « …Ces deux précieux tableaux, appuyés contre le mur, dans un galetas sans cheminée, sont exposés aux désastreux effets des variations de la température, au froid en hiver, à une chaleur brûlante en été ; n’étant pas accrochés, on les déplace à chaque mouvement opéré dans un fouillis de meubles, de bannières, de chandeliers, de pupitres, etc. etc., on les heurte, on menace de les briser. » L’illustre historien se démena, mais inutilement, Enfin en 1858, tandis qu’on s’occupait de faire restaurer une nouvelle fois les parties centrales, la fabrique de Saint-Bavon commença d’interminables négociations avec le Ministre des Beaux-Arts au sujet des panneaux d’Adam et Ève. En 1801 un arrêté royal parut au Moniteur. Les fabriciens cédaient les deux figures au gouvernement, qui les fit placer au musée de Bruxelles. On donnait en échange au conseil de fabrique les volets de la copie de Michel Coxcie, que l’on venait d’acheter… au fils de Nieuwenhuys. Le père avait pris les originaux ; le fils vendait les copies. C’était une restitution avantageuse. Le gouvernement par le même arrêté (qui attribue Adam et Ève à Hubert) s’engageait en outre, à intervenir jusqu’à concurrence de cinquante mille francs, dans l’exécution de vitraux et à faire exécuter une copie des deux figures « avec les modifications qui seraient indiquées par le conseil de fabrique ». Les copies furent commandées à M. Victor Lagye qui couvrit nos ancêtres de pagnes ridicules……

Aujourd’hui l’église de Saint-Bavon possède des Van Eyck toute la partie fixe du Retable : Dieu le Pere, la Vierge, Saint Jean-Baptiste, l’Agneau mystique : les volets sont de Michel Coxcie, — sauf Adam et Ève de Victor Lagye.

Le musée de Berlin à les volets achetés par Nieuwenhuys ; ils ont été sciés en deux en 1805 de façon à pouvoir présenter la face extérieure à côté de la face intérieure. On y a joint Dieu Le Père et l’Agneau mystique de Coxcie dont les copies de la Vierge et de saint Jean-Baptiste sont à la pinacothèque de Munich.

Adam et Ève trônent au musée de Bruxelles dans la salle dite des Gothiques.

Nous n’ajouterons qu’un mot à cette triste histoire.

En mutilant le Roi des Retables notre époque qui parle volontiers de beauté, a prouvé sa barbarie foncière avec autant d’éclat qu’en arrachant les marbres du Parthénon.

Le Retable est fermé

Les grisailles qui représentent saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Evangé-