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LES PRIMITIFS FLAMANDS

tableau de la collection Thiem (San Remo) attribuée à Thierry Bouts père. C’est une œuvrette séduisante ainsi que le Saint Jérôme du Musée de Bruxelles[1] où vibre un écho lointain de la manière eyckienne, tandis que le Donateur et la Donatrice au même Musée[2], sont des œuvres peintes, ou plutôt bâclées, à la façon de la réplique de l’Assomption.

L’art d’Albert Bouts peut, on le voit, être étudié en ses différents aspects au Musée de Bruxelles. Les deux Assomptions, la Cène, Jésus chez Simon le Pharisien, le saint Jérôme donnent une idée suffisante de son art inégal qui n’a certes pas négligé l’observation de la nature mais qui a manqué de volonté technique. Une visite au Musée d’Anvers permet de compléter l’étude de cet artiste. On y voit d’Albert Bouts, notamment, une Nativité (Fig. LXII) et une Sainte-Famille (Fig. LX). La Vierge dans le dernier tableau est charmante. La Nativité, pleine d’animation, d’une tonalité claire, fait penser à la fois à Hugo van der Goes et au Maître de Moulins. Albert Bouts aura sans doute vu la célèbre Nativité que van der Goes peignit pour les Portinari et qui frappa si vivement aussi le Maître de Moulins. L’influence du célèbre moine-artiste de Rouge-Cloître, se reconnaît encore dans l’œuvre-type du fils Bouts : l’Assomption mentionnée plus haut. Ce n’est point par l’intransigeance des principes que brille le fils de l’illustre pourtraiteur de Louvain. Mais il eut d’heureuses réussites ; pour s’en convaincre il suffit de regarder, dans sa Nativité d’Anvers, les anges qui entourent l’Enfant divin, ceux qui se déploient en guirlande à la voûte de l’étable, et les bergers qui accourent pleins de ferveur, comme ceux de van der Goes, à l’annonce de l’incroyable nouvelle.


  1. Nº 348 du cat. A. J. Wauters.
  2. Nº 536 du cat. A. J. Wauters.