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XXXIV

Lancelot Blondeel.

Rien de plus suggestif que l'extrême variété du labeur de Lancelot Blondeel : peinture, sculpture, polychromie de statues et d'écussons, cartons de tapisseries et de vitraux, décorations de fêtes, expertises et restaurations de tableaux, architecture, gra- vure! Rien de plus humiliant pour notre époque, — si timide devant les ressources de l'art contemporain, — que le spectacle des mécènes d'autrefois toujours habiles à faire valoir tous les mérites de nos vieux maîtres. Enfin rien de plus instructif, ni de plus décisif que l'exemple opposé par Lancelot Blondeel et son temps à nos archaïsmes puérils, à notre inintelligence des nécessités monumentales et décoratives de la beauté.

Vers le temps où Blondeel naît, l'inspiration gothique s'épuise chez nos maîtres. Au commencement du XVI' siècle un nouveau style se répand dans la peinture et nous n'avons pas besoin de rappeler à quel point Quentin Metsys, Gossart, Ber- nard van Orley, Corneille van Coninxloo en furent imprégnés et épris. L'instinctive aspira- tion de ces maîtres vers des formes et des visions nouvelles ne leur causa pas le plus petit dommage dans l'esprit de leurs contemporains et nous avons vu avec quel zèle les amateurs du temps, les princes, les prélats, précipitèrent l'évolution par leurs encourage- ments... L'école de Bruges, à laquelle maître Lancelot nous ramène, ne pouvait que suivre l'exemple d'un Gérard David, déjà fortement teinté d'italianisme. Des indices multiples de facture, d'ornementation enjolivée, d'interprétation nouvelle des visages et