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VAN DYCK.

finesse de sa pâte. Les portraits de Van Dyck, d’après un dire du peintre Richardson, avaient un aspect rude et blanc les premiers jours. Le temps en adoucissait la surface, leur communiquait une patine dorée, une lumière caressante, merveilleusement propre, ainsi que le remarquait Bellori, au jour d’une chambre.

Van Dyck a donc fini par acquérir une technique absolument originale et adéquate à son sentiment de la beauté. La grâce aristocratique de ses modèles nécessitait une délicatesse extrême de la facture. Avant Musset, Van Dyck avait connu le secret des ironies élégantes ; avant Schumann, il apportait à l’art les élans de la poésie intime ; avant Mozart, il cherchait des harmonies qui sont des caresses, découvrait une expression nouvelle de l’art qui est toute harmonie. Comme ces trois chantres inimitables des sentiments individuels, le grand disciple de Rubens fut, avant tout, un profond, un irrésistible charmeur. Il ne chercha pas à nous surprendre, à nous bouleverser ; il voulut tout simplement nous séduire. Aussi prêta-t-il à toutes ses figures un langage plein d’élégance, de beauté délicate et noble.

Il fut un temps, à l’époque des Van Eyck, des Memling, du musicien Willaert, où le mot flämisch était devenu en Allemagne synonyme de bon goût et d’esprit. Van Dyck presque seul de son temps n’a pas failli à cette antique réputation de sa race. L’art flamand ne fut pas exclusivement pléthorique, sanguin, il ne glorifia pas seulement, comme le croit Taine, les instincts sensuels, la grosse et