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ASTRONOMIE.

petits, de la publicité, se répandit dans l’Europe entière, comme si le télégraphe électrique lui eût servi de rapide et d’universel messager. Elle devint l’objet de toutes les conversations ; on en parlait dans les salons du grand monde comme sur la place publique dans le cabinet de l’homme d’État comme dans l’atelier de l’ouvrier ; on en parlait en prose et en vers en chansons et en complaintes,

De Paris au Pérou, du Japon jusqu’à Rome.

On en parlait tant, et en des lieux si divers, que nous ne pouvons nous dispenser d’en parler, à notre tour, dans cette revue des faits scientifiques de l’année 1857.

Qu’y avait-il, nous ne dirons pas seulement de vrai ni même de vraisemblable, mais de sensé, dans l’annonce qui, pendant six mois, a rempli toutes les têtes et agité toutes les langues, relativement à la comète prédite pour le 13 juin ? Rien, absolument rien.

Et d’abord, quel est le nom de l’astronome allemand qui avait prévenu le monde de sa fin prématurée ? L’astronome ou le prophète de malheur dont il s’agit, c’était Matthieu Lænsberg. Mais Matthieu Lænsberg n’était ni allemand ni astronome, il était belge et chanoine de Liége ; son seul titre de gloire est d’avoir composé le premier almanach liégeois.

Maintenant, quelle était la comète annoncée ? S’agissait-il d’une comète nouvelle ? ou bien était-ce une comète déjà observée ?

Une comète encore inconnue ne saurait être prédite ; pour annoncer l’apparition d’un tel corps, il faut être prophète ou fou. Il est permis à certaines personnes de croire que l’astronome allemand était prophète ; seulement, au point de vue de la raison c’était la pire de toutes les crédulités, c’était une faiblesse d’esprit dont on aurait dû rougir. Aussi la comète prédite n’était-elle pas