Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux séries d’opérations : la séparation de la nitro-glycérine et l’essai de son degré de pureté.

On commence par préparer un papier réactif spécial. À cet effet, on traite 3 grammes d’amidon blanc, bien lavé, par 265 grammes d’eau distillée ; on agite, on chauffe jusqu’à ébullition et on laisse bouillir doucement pendant dix minutes. On mélange ensuite avec une dissolution, dans 265 grammes d’eau distillée, d’un gramme d’iodure de potassium qui a été cristallisé dans l’alcool. Quand le liquide est refroidi, on y plonge pendant dix secondes des feuilles de papier-filtre blanc, préalablement lavées à l’eau et desséchées. On recoupe ces feuilles en plaquettes de 10 millimètres, et on les conserve dans des flacons bien bouchés et à l’abri de la lumière. »

Ce sont ces feuilles qui vont servir de papier réactif. Avant de s’en servir, il faut tracer sur l’une d’elles des lignes quelconques, à l’aide d’une plume trempée dans une dissolution aqueuse de caramel ; la plume laisse une trace brune sur le papier réactif.

On place alors dans un tube à filtrer 25 à 30 grammes de dynamite pulvérisée ; on y verse de l’eau ; la nitro-glycérine se sépare de la substance poreuse, et tombe au fond de l’eau. En mettant le tube à filtrer en communication avec un aspirateur, la nitro-glycérine sera entraînée ; on la fait parvenir dans une éprouvette que l’on chauffe au bain-marie jusqu’à + 70 degrés. Si l’on présente alors des feuilles de papier réactif au-dessus de l’éprouvette, les vapeurs nitreuses provenant de la décomposition de la nitro-glycérine agiront sur l’iodure de potassium, comme la plume trempée dans la dissolution de caramel, et mettront l’iode en liberté. On peut, en comparant le papier réactif placé au-dessus de l’éprouvette et le papier réactif sur lequel on a tracé quelques lignes, évaluer la durée de la décomposition de la nitro-glycérine. Ce produit est considéré comme bon si cette durée ne dépasse pas 10 minutes.

La dynamite destinée au commerce doit être enfermée dans des cartouches, recouvertes de papier, et non amorcées.

L’emballage et l’expédition de la dynamite exigent des précautions particulières. Nous représentons (fig. 101, page 107), d’après une photographie, l’emballage de la dynamite.

Les cartouches sont placées dans une première enveloppe bien étanche en carton, zinc ou caoutchouc, à parois non résistantes ; les vides sont exactement remplis au moyen de sable fin ou de sciure de bois. Le tout est renfermé dans une caisse ou dans un baril en bois, consolidé exclusivement au moyen de cerceaux et de chevilles en bois, et pourvu de poignées non métalliques. Les emballages portent, sur toutes leurs faces, cette inscription, en très gros caractères :

dynamite. — matière explosive.

Chaque cartouche est, en outre, revêtue d’une étiquette semblable. Les débitants tiennent un registre d’entrée et de sortie des matières existant dans leurs magasins ; ils peuvent vendre des cartouches en détail, mais il leur est formellement interdit de les ouvrir ou de les fractionner.

Il était indispensable que le gouvernement prît des mesures aussi rigoureuses, puisqu’il est responsable de la sécurité publique. Si, en effet, la fabrication et l’emploi de la dynamite ordinaire n’offrent plus, grâce aux progrès de la science, d’inconvénients sérieux, il n’en est pas de même des produits similaires que des industriels peu scrupuleux vendent sous le nom de dynamite.

Le désastre arrivé au mois de janvier 1877 au fort de Joux, dans le Jura, suffit pour prouver quelles terribles conséquences peut avoir la méconnaissance des règlements cités plus haut.

Des douaniers français avaient saisi six tonneaux de dynamite, que des contrebandiers italiens avaient apportés de Genève, et qu’ils avaient tenté d’introduire sur notre territoire, alléchés par l’espoir d’un gros bénéfice, puisque chaque kilogramme de dy-