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Ajoutez que la conservation des glaces demande un grand emplacement. Pour le voyageur, les glaces gélatino-bromurées alourdissent singulièrement son bagage, nécessitent de sa part mille précautions, et l’empêchent de rapporter autant de clichés qu’il le voudrait.

Ces considérations ont amené, dans ces dernières années, un retour vers l’ancien procédé de la photographie sur papier, dans lequel l’image négative s’exécutait sur une simple feuille de papier, au lieu d’une glace. Telle fut, on le sait, la méthode primitive de la photographie, celle qui a illustré les noms des Talbot, des Bayard, des Blanquard-Evrard, et qui fut remplacée, plus tard, par le cliché négatif de verre recouvert d’une couche d’albumine ou de collodion. C’est cette ancienne méthode, c’est-à-dire les négatifs du passé, que l’on a été conduit à restaurer de nos jours.

Multa renascentur quæ jam cecidere.

Il faut, toutefois, remarquer que dans la méthode primitive des Talbot, des Bayard et des Blanquard-Evrard, le papier ne servait pas seulement de support. Il était pénétré, imprégné, des substances sensibles, et c’est dans sa pâte que se produisait la décomposition chimique du bromure d’argent. Dans le procédé auquel on revient aujourd’hui, le papier ne sert plus que de support, et la couche sensible en est même souvent détachée, après l’impression lumineuse.

C’est l’émulsion de gélatino-bromure d’argent qui, jusqu’ici, s’est prêtée seule à la préparation des papiers négatifs destinés à remplacer les glaces.

Il existe plusieurs sortes de papiers destinés à former des épreuves négatives, dont on peut séparer ou non la pellicule sensibilisée.

Nous citerons d’abord le carton Thiébaut, le premier qui ait été proposé et breveté. On prend un carton ou un bristol épais, et on étend à sa surface l’émulsion de gélatino-bromure d’argent. On impressionne dans la chambre noire, on développe, et on fixe l’image comme à l’ordinaire. Ensuite on sépare du carton la pellicule de gélatino-bromure impressionnée et formant l’image, et l’on a un cliché pelliculaire transparent, avec lequel on tire les positifs.

Avec le procédé Balagny ce n’est plus le carton mais le papier ordinaire qui sert à former l’épreuve négative ; et selon les préférences des opérateurs, on peut avoir des pellicules adhérentes ou non adhérentes au papier.

Si l’on veut que la couche sensible adhère au papier, on étend sur une glace un mélange de benzine, cire blanche, gomme Dammar et résine ordinaire ; puis on prend du papier à calquer, que l’on a fait préalablement tremper pendant douze heures, pour le ramollir. On étend sur ce papier de la colle d’amidon, formée de 15 grammes d’amidon pour 100 grammes d’eau. On applique sur la glace, lorsqu’elle est sèche, ce papier collé. Avec un couteau on chasse les bulles d’air, et quand la surface est sèche, on y verse l’émulsion au gélatino-bromure. Quand le tout est sec, on a un papier avec pellicule adhérente.

Si l’on veut avoir une pellicule se détachant du papier, on ajoute à la colle d’amidon 3 grammes de talc. Le papier étant collé sur la glace, avant d’étendre l’émulsion, on commence par y étendre une couche de poudre de talc, que l’on recouvre d’une couche de collodion. Le collodion étant sec, on applique l’émulsion. Cette pellicule sert à recevoir l’épreuve négative.

Les papiers négatifs se traitent comme les glaces gélatino-bromurées, pour le développement. Il faut seulement rendre l’image plus vigoureuse que quand on opère sur les glaces. Il faut aussi prolonger davantage le fixage et les lavages, parce que la couche de gélatino-bromure d’argent est plus épaisse.