Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 6.djvu/270

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L’obturation de cette arme est assurée par un verrou ; la fermeture à cylindre a été transformée de telle façon (fig. 229) que pour l’ouvrir ou la refermer il suffit de faire avancer ou reculer le cylindre A, sans être obligé de le faire tourner à droite ou à gauche. On voit tout de suite que cette modification simplifie singulièrement les opérations préliminaires du tir ; aussi ne sera-t-on pas surpris d’apprendre qu’un soldat exercé tire aisément, comme il a été dit plus haut, avec le fusil Mannlicher, trente-cinq coups par minute.

Toutes les cartouches que le fantassin emporte dans son sac, en campagne, et celles aussi qui sont contenues dans les caissons de munitions d’infanterie, sont réparties par groupes de cinq, dans les boîtes-chargeurs (fig. 230). Une enveloppe rigide est fixée au fusil, au-dessous du système de fermeture ; elle entoure une boîte à cartouches, dans laquelle le tireur introduit la boîte-chargeur, constituée par une lame en tôle très légère. Un ressort soulève successivement chacune des cinq cartouches, et les amène à la hauteur du canon. Ce ressort, lorsque l’on ramène le système de fermeture en avant, saisit la cartouche supérieure par son bord, et par pression, l’introduit dans la chambre à cartouche du canon. En même temps que l’on ramène la fermeture en arrière, la cartouche vide et l’étui sont extraits automatiquement.

Les figures et coupes réunies sous les numéros 229-231 montrent ces différents organes.

Hâtons-nous de faire observer qu’avec le fusil Mannlicher le soldat est à peu près dans l’impossibilité de faire usage du tir ordinaire. En effet, toutes les cartouches dont il dispose sont groupées, cinq par cinq, dans les boîtes-chargeurs ; le tir à répétition est donc le seul tir que l’on puisse pratiquer avec le fusil autrichien. Sans doute, le soldat pourra, bien qu’il ait cinq cartouches à brûler, viser posément et tirer lentement. Mais avec les troupes actuelles, instruites à la hâte, il ne faut pas compter sur le sang-froid, ni sur la sagacité des soldats. Excités, entraînés par la fièvre du combat, ces jeunes gens qui, tous, verront le feu pour la première fois, brûleront leurs cinq cartouches — et dix autres ensuite — quand ce ne serait que pour faire du bruit. On a remarqué que, durant les dernières campagnes, en 1866, en 1870, en 1871, le rendement du fusil avait été très faible ; ce qui revient à dire que pour un nombre très considérable de cartouches consommées, il y a eu très peu de morts et de blessés.

À la bataille de Gravelotte, en 1870, les Allemands tirèrent deux cent trente coups de fusil pour faire tomber un Français, et douze coups de canon pour obtenir le même résultat. Ce fut pourtant une rencontre singulièrement meurtrière, où les deux adversaires se rapprochèrent de bien près, puisque sur cent blessés français ou allemands on en compta cinq qui avaient été frappés à l’arme blanche !

La Suisse s’est distinguée, dans ces vingt dernières années, par ses études approfondies sur les armes portatives. La balle de petit calibre et le fusil à répétition ont été mis en usage de très bonne heure, dans la république helvétique.

Le fusil à répétition, aujourd’hui adopté en Suisse, est le fusil du major Hébler ; mais il avait précédé d’autres types remarquables, auxquels nous devons une mention.

Rien n’est plus intéressant, à ce titre, que le fusil Rubin, qui a été construit par trois Français, le major Rubin, le chef armurier Pariès et le soldat Herla.

Le fusil Rubin fut soumis, en 1883, à la Commission de Versailles, qui crut devoir l’écarter, parce qu’il ne répondait pas aux conditions d’ensemble exigées, avec juste raison, par cette Commission. Toutefois, son mécanisme, tel qu’il a été décrit par le