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gouvernail vertical et de deux gouvernails horizontaux, il était pourvu, à l’extérieur, de réservoirs, dans lesquels on comprimait de l’air, à la pression de douze atmosphères. On pouvait faire entrer de l’eau dans des compartiments situés à l’avant, de façon à former un lest, pour faire descendre le bâtiment au-dessous de la surface de l’eau.

On trouvera signalées d’autres applications de ce même principe, c’est-à-dire l’emploi de compartiments remplis d’eau à volonté, au chapitre de cette Notice où il sera traité des bateaux sous-marins.

Le type proposé par M. Ch. Brun n’est pas entré définitivement dans notre armement.

Les torpilleurs du type ordinaire, réglementaires aujourd’hui dans notre marine, sont dits de 1re classe et de 2e classe. Ils sont construits sur un modèle à peu près uniforme. Il y a, dans notre flotte actuelle, 80 torpilleurs de 1re classe et 47 de 2e classe.

Pour donner une idée exacte de la distribution intérieure d’un torpilleur, nous en exposons les détails complets dans la figure 283 (page 340), qui donne la coupe d’un torpilleur.

Le rôle de ces minuscules bâtiments est, comme on le sait, de s’approcher à l’improviste d’un navire cuirassé, et de déposer sous ses flancs la torpille, dont l’explosion doit l’anéantir. Pour que cette dangereuse mission ait quelque chance de succès, plusieurs conditions sont indispensables : d’abord, une extrême vitesse, afin que le torpilleur puisse, en cas d’insuccès ou d’arrêt dans sa marche, rejoindre le cuirassé d’où il est parti, et auquel son poids énorme ne permet qu’une marche relativement lente, et pour qu’il échappe, non pas seulement au tir de la grosse artillerie ennemie, mais à celui des canons-revolvers, dont les navires de guerre sont tous armés aujourd’hui et dont nous avons déjà parlé[1]. Il faut encore que le torpilleur puisse s’approcher, sans être vu ni entendu. Sa machine à vapeur ne devra donc faire aucun bruit perceptible du dehors ; et il sera très ras sur l’eau, en sorte que, les lames le recouvrant aisément, l’équipage devra pouvoir complètement s’enfermer.

Un bateau torpilleur a généralement de 18 à 30 mètres de longueur, et il est monté par dix hommes. Ainsi que le montre la figure 283, la plus grande place est occupée par la machine à vapeur, la chaudière et le ventilateur. À l’avant, se trouve le poste-vigie, dont la vue intérieure se voit dans la figure 284 (page 341). C’est là qu’au moment du combat est placé l’officier chargé du commandement. Il voit au dehors par d’étroites ouvertures garnies de fortes glaces. À sa droite, comme on le voit sur notre dessin, est le cadran-indicateur, servant à transmettre les ordres aux mécaniciens. Devant lui, le timonier tient la roue du gouvernail. Enfin, vers l’avant, un homme se tient prêt à faire fonctionner l’appareil servant à projeter la torpille.

Le poste-vigie est fermé par des cloisons étanches, en sorte que si une voie d’eau s’y produit, il est seul à s’emplir et le bateau reste à flot. Il en est de même du compartiment suivant, qui contient la chaudière et les machines à vapeur.

Celles-ci qui sont à condensation, et du système compound, sont à la fois très légères et très puissantes. La chaudière est tubulaire, du type de celles des locomotives. Pour arriver à lui faire produire, sous un assez petit volume, la quantité de vapeur nécessaire, on a recours à un puissant ventilateur, qui entretient dans son foyer un véritable feu de forge. C’est grâce à ces dispositions toutes spéciales qu’on est arrivé à donner à ces minuscules navires les vitesses extraordinaires de 20, 22 et même 24 nœuds, ou 44 kilomètres et demi à l’heure !

  1. Voie le Supplément à l’Artillerie moderne, t. II, p. 177, fig. 150.