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5 pieds 6 pouces au-dessous de la ligne d’eau, et est protégé par une cuirasse d’acier, de 3 pouces d’épaisseur. Il s’étend de l’avant à l’arrière du navire, formant une courbe à chaque extrémité, et allant rencontrer, à l’avant, l’éperon ; ce qui lui donnerait une grande puissance dans le cas où il faudrait se servir du navire comme bélier.

Immédiatement au-dessus de ce pont, il en est un autre, s’élevant de 6 pieds au-dessus de la ligne d’eau, construit en fer et acier et recouvert en bois.

Les compartiments des côtés entre les deux ponts, sont divisés en cloisons étanches, et remplis de liège, comme dans l’Inflexible.

Le pont de batterie est à 14 pieds au-dessus de la ligne d’eau. Douze canons, du calibre de six pouces, y sont installés. La puissance de ces canons semble modeste, mais leur nombre compense cette infériorité.

À 9 pieds 6 pouces du pont de batterie et à 25 pieds au-dessus de la ligne d’eau, s’élève le quatrième pont, supportant la batterie de casemate de 7 pieds 6 pouces de hauteur. Cette batterie porte les gros canons Armstrong de cent tonnes dont il est parlé au commencement.

Les machines à vapeur sont doubles. Elles sont du système Compound, à trois cylindres verticaux, ce qui donne douze cylindres en tout. La vapeur leur est fournie par vingt-six chaudières, ayant chacune trois fourneaux ; douze des chaudières sont séparées et placées derrière les machines, quatorze sont en avant. La force des machines à vapeur peut être estimée à quinze mille chevaux. Elles fournissent une vitesse de seize nœuds.

La longueur de l’Italia est, comme on l’a vu plus haut, de 120 mètres.

L’Italia est, avec le Lépanto, un colossal navire qui ne peut être comparé à aucune autre construction navale, par ses dimensions et sa puissance.

La flotte italienne, qui comptait à peine en 1870, est aujourd’hui une des plus puissantes de l’Europe. Elle vient après l’Angleterre et la France. Elle est plus remarquable par la force individuelle de ses bâtiments, que par leur nombre, qui est pourtant considérable. En effet, parmi ses vingt bâtiments cuirassés (navires d’escadre, croiseurs, frégates, garde-côtes), on en compte dix au moins qui sont d’énormes constructions de 11 000 à 14 000 tonneaux, filant de 14 à 17 nœuds, portant des cuirasses de fer épaisses de 50 centimètres, et des canons rayés, de 43 à 45 millimètres.

Il reste à savoir si les énormes cuirassés de la marine italienne seront plus redoutables au feu que des navires de dimension moindre, et si leurs mouvements seront faciles pendant le combat.

Comme conséquence du grand développement de ses cuirassés, la marine italienne possède peu de croiseurs, les premiers ayant dévoré les ressources des budgets annuels. Il est vrai que ces croiseurs sont joints à une flottille de 140 navires ou bateaux torpilleurs.

En résumé, la marine italienne profite des leçons du passé. Elle cherche, travaille et se perfectionne. Elle serait, en cas de guerre, une puissance navale redoutable. Nous voilà bien loin de Lissa, la bataille légendaire. La marine austro-hongroise était alors bien supérieure, quant au nombre des navires, à celle d’Italie. Aujourd’hui, les rôles sont bien changés.

La marine autrichienne compte, en effet, assez peu dans le contingent des flottes militaires européennes. Tout au plus peut-elle se comparer à la marine allemande ; car elle n’a que huit cuirassés, six bons croiseurs et cinquante torpilleurs.

La Russie possède deux flottes militaires, l’une destinée à défendre les côtes de la mer Baltique, à protéger les navires de