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de platine, qui rougit et — c’est un fait d’expérience — rend la lumière plus vive et plus blanche.

M. Clamond a construit, avec des dispositions spéciales, un bec de ce genre, que M. Popp, l’inventeur des horloges pneumatiques, a rendu plus pratique.

La substance étrangère introduite au sein de la flamme, dans le bec Popp, est un globule de magnésie. Mais le globule de magnésie s’use vite, il faut le remplacer au bout de 12 à 15 heures ; ce qui a empêché ce système de se répandre.

Un bec à gaz réchauffé plus simple que tous les précédents, est le bec Auer, du nom de son inventeur, M. Auer de Welsbach. C’est une application à l’éclairage, du bec Bunsen, dont on se sert, dans les laboratoires de chimie, pour accroître considérablement la température de la combustion du gaz de l’éclairage.

On sait que le bec Bunsen est un tube vertical, ouvert à sa partie supérieure, et portant à sa partie inférieure, un peu en dessous de la tubulure par laquelle arrive le gaz, de petits trous, pour laisser passer de l’air. Le gaz aspire l’air, lequel se mélange intimement avec lui, et constitue une sorte de gaz tonnant, qui brûle avec une flamme bleue, peu lumineuse, mais extraordinairement chaude. M. Auer de Welsbach a mis à profit la très haute température de cette flamme, en lui communiquant un grand effet lumineux par l’interposition d’un corps étranger.

Pour cela M. Auer de Welsbach place par-dessus le bec Bunsen, une sorte de capuchon composé de substances terreuses (zircone, yltria, oxyde de lantane), d’une longueur de 6 à 7 centimètres, et en forme de cône, que l’on soutient au moyen d’un fil de platine, supporté par une tringle de cuivre et un anneau. Ce capuchon peut, d’ailleurs, s’élever ou s’abaisser au moyen d’une vis de pression, placée au bas de l’appareil.

Quand on allume ce bec, la température excessivement élevée que le gaz a prise dans le bec Bunsen, fait rougir le capuchon, qui devient extraordinairement lumineux, et répand alors une lumière blanche très pure. D’après M. Auer, ce bec donne une lumière de 1,21 Carcel, pour une consommation de 98 litres de gaz, par heure ; ce qui revient à brûler 80 litres de gaz pour obtenir, par heure, la lumière d’une lampe Carcel.


CHAPITRE II

l’éclairage électrique. — historique. — davy découvre le phénomène essentiel sur lequel repose l’éclairage par l’électricité. — léon foucault applique à l’éclairage le phénomène de la décharge électrique dans le vide, découvert par davy. — les régulateurs de la lumière électrique. — régulateur léon foucault et dubosq. — régulateur serrin. — m. jablochkoff supprime tout régulateur, par l’invention de la bougie électrique. — la bougie jablochkoff. — lampe werdermann. — découverte de l’éclairage électrique par l’incandescence d’un fil fin dans le vide. — m. de changy. — les lampes russes. — recherches et travaux d’édison, de swann, de maxim et de lane fox.

Dans les Merveilles de la science[1], nous avons fait connaître le principe de l’éclairage électrique par l’arc lumineux voltaïque, et nous avons décrit les premiers appareils destinés à régler la marche des charbons lumineux. Il sera nécessaire, pour la clarté de ce qui doit suivre, de rappeler brièvement ce que nous avons dit, à ce propos, dans les Merveilles de la science.

Le premier créateur de l’éclairage par l’électricité est le chimiste anglais Humphry Davy, qui, en 1813, dans une expé-

  1. Tome IV, pages 214-226.