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du nouveau liquide dans le réservoir, pendant que la lampe brûlait.

En Angleterre, en Allemagne et en Belgique, les droits qui frappent le pétrole sont insignifiants ; les marchands peuvent, dès lors, livrer à un prix minime, un pétrole parfaitement rectifié. Aussi, les accidents d’incendie ou d’inflammation par le pétrole servant à l’éclairage, sont-ils excessivement rares en Allemagne et en Angleterre.

Il n’y a donc, en résumé, aucun danger à redouter de l’emploi du pétrole comme liquide éclairant, quand il a été convenablement rectifié.

Les perfectionnements apportés, au raffinage du pétrole, ont donc assuré à l’emploi de ce liquide comme agent d’éclairage, une nouvelle cause de sécurité. Mais ce qui est venu augmenter encore, la généralisation de l’éclairage au pétrole, c’est le perfectionnement des lampes dans lesquelles on le brûle, et qui, telles qu’on les construit aujourd’hui, donnent une clarté très brillante, et ne dégagent aucune odeur, ni pendant leur combustion, ni au moment de leur extinction.

Nous allons passer en revue les nouvelles lampes en usage pour brûler le pétrole.

Commençons par rappeler la lampe primitive, que nous avons décrite dans notre Notice des Merveilles de la science[1] et à laquelle le lecteur est prié de se reporter. Il verra que la première lampe à pétrole, d’origine américaine, se composait simplement d’une mèche de coton tressée, trempant dans le liquide. Le récipient était large et évasé, et le verre fortement bombé, en une sorte de demi-globe.

Cette forme était disgracieuse et encombrante. Les lampes américaines avaient, en outre, le défaut d’exhaler une très mauvaise odeur, au moment de leur extinction.

C’est pour remédier à ce double défaut que fut inventée, vers 1870, la lampe dite allemande, que l’on construit encore aujourd’hui, en quantités considérables, en Prusse et en Allemagne, d’où nos fabricants la font venir. Ce genre de fabrication est toujours resté dévolu à l’Allemagne, en raison de l’excessif bon marché de la main-d’œuvre, en ce pays.

La lampe à pétrole allemande est caractérisée par l’emploi d’une mèche de coton plate, mais qui devient circulaire en s’enroulant autour du porte-mèche, et qui s’élève et s’abaisse au moyen d’une crémaillère. Elle est pourvue d’un appel d’air très actif, provoqué par une fente latérale, pratiquée au bas du foyer lumineux.

Nous représentons dans la figure 387 (page 512) le bec de la lampe à pétrole allemande, vu en perspective, et dans la figure 388 une coupe, montrant l’ouverture latérale qui donne accès à l’air :

La légende qui accompagne chacune de ces figures, explique l’effet de ces principaux organes.

Pour affranchir l’industrie française du tribut payé à l’Allemagne, et pour rendre l’éclairage au pétrole économique et brillant, M. Peigniet-Changeur a imaginé, en 1883, une disposition extrêmement ingénieuse, dont nous allons expliquer le mécanisme.

Le défaut capital des premières lampes à pétrole, c’est qu’au bout de quelques heures, le niveau du pétrole contenu dans le réservoir ayant baissé, par suite de la combustion, et n’étant pas renouvelé, la capillarité, seule force qui déterminait l’ascension du liquide minéral, n’était plus assez active pour élever ce liquide en quantité suffisante jusqu’au bec. C’est ce qui faisait que la mèche, mal alimentée, charbonnait, devenait fumeuse, et répandait une odeur dé-

  1. Tome IV, pages 201, fig. 117.